Développer son chiffre d’affaires : prix de vente et mix-marketing
- Olivier HELL
- 28 oct.
- 5 min de lecture

Dans un contexte économique complexe – inflation, tensions sur les ressources humaines, pression concurrentielle – de nombreux dirigeants d’entreprise cherchent à développer leur chiffre d’affaires. Mais une idée reçue persiste : « augmenter ses revenus passe par augmenter ses prix ».
La réalité est plus subtile. Le prix n’est qu’une des composantes d’une stratégie globale : le mix-marketing, passé des célèbres 4P (Produit, Prix, Place, Promotion) aux 7P (en intégrant Personnel, Packaging et Processus).
1. La fixation du prix de vente : un art subtil entre science et perception
Le prix est un sujet sensible. Trop bas, il fragilise la rentabilité et peut donner une image « low cost ». Trop haut, il fait fuir les clients. Trouver l’équilibre exige de combiner rigueur analytique, stratégie commerciale et compréhension fine des attentes clients.
1.1. Les grandes stratégies tarifaires : choisir son cap
Fixer un prix, c’est avant tout choisir une position sur le marché.
Stratégie de pénétration
Objectif : attirer de nouveaux clients en fixant un tarif inférieur aux concurrents.
Exemple : un nouvel acteur du e-commerce qui casse les prix de livraison pour capter une clientèle régulière.
Risque : difficile à maintenir dans la durée, sauf si l’on dispose d’un effet volume significatif.
Stratégie d’écrémage
Objectif : maximiser la marge auprès d’une clientèle prête à payer plus.
Exemple : Apple, qui lance ses produits à des prix élevés, sachant que les premiers acheteurs recherchent l’innovation avant tout.
Risque : restreindre son marché potentiel et laisser la place à des concurrents « suiveurs ».
Stratégie de compétition
Objectif : rester dans la course face aux variations tarifaires de ses concurrents.
Exemple : compagnies aériennes low cost qui s’ajustent en permanence aux prix des autres.
Risque : entrer dans une guerre des prix destructrice.
Stratégie psychologique
Objectif : jouer sur la perception du client.
Exemple : un abonnement présenté à « 29 €/mois » plutôt qu’à « 348 €/an ».
Risque : si le client découvre une « astuce commerciale », la confiance peut être rompue.
Le prix n’est jamais neutre : il envoie un signal fort sur le positionnement de l’entreprise.
1.2. Connaître ses coûts : le socle de la rentabilité
On ne fixe pas un prix uniquement « par rapport au marché » : il doit avant tout garantir une marge.
Coûts partiels et complets : au-delà de l’achat d’un produit, penser au temps humain, au stockage, aux charges fixes.
Coûts fixes et variables : anticiper comment les coûts évoluent avec le volume d’activité.
Coûts directs et indirects : savoir ventiler les frais généraux pour mesurer la rentabilité réelle de chaque produit ou service.
Exemple : Un café vendu 2 € peut sembler rentable si le coût du café est de 0,20 €. Mais si l’on ajoute loyer, amortissement de la machine, personnel, électricité… la marge nette réelle peut tomber à 0,30 €.
Trop d’entreprises sous-estiment le « coût caché » de leurs activités.
1.3. L’étude de la concurrence : observer au-delà du prix
La concurrence influence fortement la fixation des prix, mais il ne s’agit pas d’un simple comparatif « qui est moins cher ? ».
Disponibilité : un concurrent moins cher mais saturé ne captera pas de nouveaux clients.
Différenciation : se positionner non pas seulement par le prix, mais aussi par la qualité, la réactivité, la spécialisation.
Benchmarking sectoriel : observer non seulement les concurrents directs, mais aussi les pratiques d’autres secteurs qui influencent les attentes des clients.
Exemple : dans la santé humaine comme animale, la montée des plateformes en ligne (prise de RDV, téléconsultation) a modifié la perception de ce qu’est un « bon service », bien au-delà du prix.
1.4. La valeur perçue par le client : l’ingrédient clé
Le client ne raisonne pas uniquement en « coût », mais en rapport valeur/prix.
Facteurs rationnels : qualité, garantie, performance.
Facteurs émotionnels : confiance, relationnel, image de marque.
Facteurs contextuels : urgence, rareté, praticité.
Exemple : un client peut accepter de payer plus cher une prestation s’il est rassuré par un devis clair, un accompagnement bienveillant et un suivi après-vente.
La valeur perçue se construit avant, pendant et après l’acte d’achat.
2. Le mix-marketing : des 4P aux 7P
Le marketing n’est pas que communication : c’est la boîte à outils stratégique qui permet de transformer une offre en valeur perçue par le client.
Historiquement, le « marketing mix » reposait sur les 4P (Produit, Prix, Place, Promotion). Aujourd’hui, on y ajoute trois dimensions cruciales : Personnel, Packaging, Processus.
2.1. Produit : clarifier et valoriser l’offre
Un produit ou service doit être compréhensible et attractif. Trop de jargon brouille le message. La clarté de l’offre conditionne l’achat.
Exemple : chez les vétérinaires, transformer « Ovario-hystérectomie » en « Stérilisation complète de la chienne, incluant anesthésie et suivi post-opératoire ».
2.2. Prix : une politique, pas seulement un chiffre
Le prix est aussi un outil de fidélisation et de différenciation.
Remises ciblées (fidélité, associations, étudiants).
Offres groupées ou forfaits.
Transparence tarifaire pour instaurer la confiance.
Exemple : un cabinet comptable proposant un forfait « tout inclus » (déclarations fiscales, conseils, suivi) rassure le client sur la prévisibilité des coûts.
2.3. Promotion : se rendre visible au bon endroit
La communication n’est pas seulement un site web ou une affiche. Elle doit être :
Multicanale (digital, print, réseaux sociaux).
Cohérente avec la cible.
Orientée vers la valeur ajoutée, pas seulement le prix.
Exemple : newsletters pédagogiques, tutoriels vidéos, témoignages clients.
2.4. Place (distribution) : simplifier l’accès
Un produit difficile à acheter est un produit qui se vend mal.
Points de vente physiques optimisés.
Boutiques en ligne ergonomiques.
Outils de réservation et de paiement simples.
Exemple : la montée des drives alimentaires a montré que la commodité est un facteur d’achat aussi important que le prix.
2.5. Personnel : des ambassadeurs de la marque
Chaque interaction humaine influence la satisfaction.
Accueil téléphonique.
Conseils personnalisés.
Suivi proactif.
Une équipe formée et impliquée transforme une prestation banale en expérience mémorable.
2.6. Packaging : l’image compte
Le packaging n’est pas qu’un « emballage », mais un vecteur d’identité.
Devis clairs et soignés.
Rapports professionnels.
Supports pédagogiques personnalisés.
Exemple : un devis remis sur papier à en-tête, accompagné d’un guide explicatif, transmet plus de sérieux qu’une simple réponse orale.
2.7. Processus : la fluidité comme gage de confiance
Un bon processus évite les frustrations : délais, relances, suivi.
Qui traite une demande de devis ?
Dans quel délai ?
Comment relancer si le client ne répond pas ?
Exemple : dans l’hôtellerie, les meilleurs établissements ne se distinguent pas seulement par leurs chambres, mais par la fluidité du parcours client (réservation, check-in, check-out).
3. Recommandations pratiques pour développer son chiffre d’affaires
Cartographier ses coûts réels pour identifier les leviers de marge.
Définir une stratégie tarifaire claire (pénétration, premium, équilibre).
Observer le marché intelligemment : au-delà du prix, comprendre les attentes et capacités des concurrents.
Construire une valeur perçue forte grâce à une expérience client différenciante.
Travailler les 7P de manière cohérente : négliger l’un affaiblit les autres.
Former et mobiliser les équipes : l’humain reste le cœur de la relation client.
Automatiser et digitaliser les processus pour gagner en fluidité et réactivité.
Conclusion
Dans un monde où les clients sont informés, exigeants et volatils, se différencier ne passe pas seulement par « combien » coûte une prestation, mais par « comment » elle est proposée, expliquée et vécue. Un prix juste, une communication claire, une expérience client soignée et une équipe impliquée : voilà les véritables leviers de croissance.
